La « chronique poétique » d’Anne-Philippe
10 mars 2021 | Chroniques de l'équipe
En ces temps compliqués pour le Sénégal, j’ai décidé de vous faire découvrir ou redécouvrir un poème très connu de Léopold Sédar Senghor intitulé « Femme noire ». Ce poème est une ode à l’amour, à la femme, à la terre africaine. Il rend hommage à la féminité aux différents moments de la vie, il chante la beauté, la sensualité, le mystère et les qualités – protection, douceur, calme et spiritualité.
Léopold Sédar Senghor (Joal, Sénégal, 9 octobre 1906 – Verson, France, 20 décembre 2001) était un poète, écrivain et homme politique sénégalais. Il a été le premier président du Sénégal (1960-1980). Il a été le premier Africain à siéger à l’Académie française.
N’hésitez pas à découvrir d’autres poèmes, ils vous feront voyager dans le pays des mots, dans le continent africain et dans bien d’autres lieux magiques. http://www.unjourunpoeme.fr/auteurs/senghor-leopold-sedar
Anne-Philippe, formatrice ISP
« Femme noire » de Léopold Sédar SENGHOR
Recueil : « Chants d’ombre »
Femme nue, femme noire
Vêtue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beauté
J’ai grandi à ton ombre; la douceur de tes mains bandait mes yeux
Et voilà qu’au coeur de l’Été et de Midi,
Je te découvre, Terre promise, du haut d’un haut col calciné
Et ta beauté me foudroie en plein coeur, comme l’éclair d’un aigle
Femme nue, femme obscure
Fruit mûr à la chair ferme, sombres extases du vin noir, bouche qui fait lyrique ma bouche
Savane aux horizons purs, savane qui frémit aux caresses ferventes du Vent d’Est
Tamtam sculpté, tamtam tendu qui gronde sous les doigts du vainqueur
Ta voix grave de contralto est le chant spirituel de l’Aimée
Femme noire, femme obscure
Huile que ne ride nul souffle, huile calme aux flancs de l’athlète, aux flancs des princes du Mali
Gazelle aux attaches célestes, les perles sont étoiles sur la nuit de ta peau.
Délices des jeux de l’Esprit, les reflets de l’or rouge sur ta peau qui se moire
A l’ombre de ta chevelure, s’éclaire mon angoisse aux soleils prochains de tes yeux.
Femme nue, femme noire
Je chante ta beauté qui passe, forme que je fixe dans l’Éternel
Avant que le destin jaloux ne te réduise en cendres pour nourrir les racines de la vie.