« Kheir Inch’Allah », la préformation au Théâtre National
01 décembre 2024 | Culture, Préformation
Le mercredi 20 novembre, les stagiaires de la préformation se sont rendues au Théâtre National pour assister à la représentation de Kheir Inch’Allah, mis en scène et joué par Yousra Dahry Mohamed Ouachen.
Le choix de cette sortie était un travail collectif ! Elles l’ont sélectionné ensemble après avoir consulté les programmes des partenaires culturels d’Article 27*, effectué une pré-sélection et voté pour la sortie qui leur plaisait le plus.
La représentation était précédée d’une visite du théâtre par Yannick, en charge de la médiation culturelle pour l’institution.
Les stagiaires nous racontent leur expérience …
Photo de Anne-Flore Mary
De quoi parle la pièce ?
La pièce nous raconte l’histoire de la comédienne : une jeune femme musulmane qui grandit à Bruxelles. Elle est éduquée “comme un garçon”, cela a des conséquences plus tard dans sa vie : elle dit qu’elle a “oublié qu’elle était une femme”.
Son père voulait un garçon et élève Yousra comme telle : elle recopie les comportements, va voir des courses de voiture, se rase le crâne.
Elle grandit avec des amis garçons et ne fait confiance qu’à eux, elle les appelle ses “drari”. Elle prend leurs habitudes, elle parle comme eux.
Quand elle veut se marier, ses amis ne sont pas d’accord, ils veulent qu’elle reste la même. Ils la voient comme l’une des leurs.
Quand elle se marie, elle a l’impression de passer “du côté des femmes” mais dit qu’elle ne sait pas comment “être une femme”. La comédienne parle ensuite de ses deux mariages, de son ex-mari qui ne respecte pas son autonomie, ni sa foi. Elle parle des violence physiques qu’il exerce sur elle et de comment elle s’en défend.
La comédienne parle aussi du rapport au corps, du fait d’être traitée comme une “femme objet”. Des garçons qui ne parlent pas de sexualité avec les parents par pudeur et qui ne s’informent que par la pornographie.
Qu’avez-vous pensé de la pièce ?
C’était une pièce originale, touchante car la comédienne raconte sa propre vie et transmet les émotions directement. A un moment, on a pleuré !
Elle donne des leçons à en tirer. Ce qu’on décide de faire de notre vie, de la prise de liberté et des conséquences de nos choix.
Elle parle aussi de la parole, de comment on peut se libérer en parlant, se soigner de la “maladie d’amertume”.
Des gens peuvent se reconnaître dans son histoire. Par exemple l’envie d’avoir un grand frère protecteur.
Il y a une partie que l’on a moins aimée parce qu’elle était triste et qu’elle rappelait des moments de vie difficiles pour certaines. C’est le moment où les voisins jugent la famille de Yousra et l’isolent, à cause de son divorce. Ils mettent ça sur le compte de son “attitude masculine”. Ce sont tout de suite la fille et la mère qui sont vues comme coupables de la situation.
Ce moment montre le poids de la réputation. Il peut quand même être utile pour que le public se reconnaisse dans l’attitude mauvaise des voisins et se rendent compte de l’effet sur les personnes visées.
Était-ce votre première fois dans ce lieu ?
Pour nous toutes, c’était la première visite au Théâtre National ! On a pu visiter le studio, les coulisses, les loges, voir par où et comment les artistes entrent et sortent de scène. On a aussi pu voir le mouvement des décors grâce à des machines. « Quand je voyais des images, je pensais que c’était des montages photo ! »
On a aussi pu voir les archives des décorations, des costumes, du mobilier, la fabrication des rideaux, les stocks de matériaux.
C’était une belle découverte !
Vues du Théâtre National
Est-ce que quelque chose vous a marqué pendant la visite ?
Oui ! On a appris que le directeur ou la directrice du théâtre ne pouvait rester que 5 ou 10 ans en poste, qu’il y a une limite.
C’est court ! Si quelqu’un veut tout changer dans l’institution, c’est compliqué.
Merci à Prisca, Oumayma, Jenny, Mélissa, Hélène, Pauline, Odrade, Sheikina, Aïcha, Bella et Nur pour leurs témoignages !
*Article 27 est une asbl qui vise à « sensibiliser et faciliter la participation culturelle pour toute personne vivant une situation sociale et/ou économique difficile » notamment en mettant à disposition des tickets à un tarif réduit.
